Dimanche 26 juillet 2009 à 18:02

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Dimanche 26 juillet 2009 à 17:48

"      Il sera passé à côté d'elle, juste à côté d'elle sans la voir.
Parce qu'elle était de ces âmes qui ne font aucun signe, mais qu'il faut
patiemment interroger, sur lesquelles il fait savoir poser un regard
      Un peintre en aurait fait autrfois le sujet d'un tableau de genre.
Elle aurait été


Lingère
Porteuse d'eau
ou Dentellière...  "

D'après le roman de Pascal Lainé, La Dentellière (Prix Goncourt 1974)
                
http://pagesperso-orange.fr/yann.franqueville/Vermeer/Images/la_dentelliere.jpg

 
La dentellière - Veermer
1669-1670
21x24 cm
Musée du Louvre


Dimanche 26 juillet 2009 à 13:14

"La faim n'empêche pas les enfants de jouer"

"Quand il s'agissait de les gaver, elle était toujours douce avec eux"

"La mère proclamait: " Il n'y a que la richesse pour faire le bonheur. Il n'y a que des imbéciles qu'elle ne fasse pas le bonheur." Elle ajoutait: "Il faut, évidemment, essayer de rester intelligent quand on est riche."

"Joseph avait atteint un tel degré d'hilarité qu'il en perdait la respiration et que son rire, silencieux, le mettait au point mort du paroxysme."

"La force de son rire ne semblait pas venir d'elle et gênait, faisait douter de sa raison."

"M. Jo les regardait avec l'air de quelqu'un qui se demande si ça va finir un jour. Mais il écoutait patiemment."

"Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était terrible et c'était marrant."

"La mère, seule à sa table, n'arrêtait pas de bâiller. Elle était très fatiguée parce qu'elle avait eu beaucoup de malheurs et qu'elle était vieille et qu'elle n'avait plus l'habitude de rire, c'est ce rire qui l'avait fatiguée."

"M.Jo était l'enfant dérisoirement malhabile de cet homme inventif. Sa très grosse fortune n'avait qu'un héritier, et cet héritier n'avait pas une ombre d'imagination. C'était là le point faible de cette vie, le seul définitif: on ne spécule pas sur son enfant. On croit couver un petit aigle et il vous sort de dessous le bureau un serin. Et qu'y faire? Quel recours a-t-on contre ce sort injuste?"

"Il n'avait jamais vu d'injustice que celle qui l'avait frappé, lui, son fils Et cette fatalité étant organique, irrémédiable, il ne pouvait que s'en attrister?

"Mais il n'y avait pas pensé. Pourtant, il était intelligent. mais, l'intelligence a ses habitudes de penséen qui l'empêchent d'apercevoir ses propres conditions."

"Et, disait Joseph de ce phono, "quand on n'a pas de femmes, pas de cinéma, quand on n'a rien du tout, on s'emmerde un peu moins avec un phono"."

"'Je peux pas m'empêcher, s'excusait Joseph, je crois que je pourraos coucher avec toutes les femmes du monde.'"

"C'est ainsi qu'au moment où elle allait ouvrir et se donner à voir au monde, le monde la prostitua."

"Et, délesté de son auto, de son costume de tussor, de son chauffeur, peut-être serait-il devenu d'une transparence de vitrine, vide, parfaite."

"Il y avait ainsi chez elle des foyers mal éteints de jeunesse, des sursauts d'une humeur encore joueuse."

"C'est alors que Joseph découvrit qu'on peut aimer boire."

"Elle pouvait lui demander encore bien des choses, son livre de comptes, son sac. Il fallait lui obéir. C'était son plaisir d'éprouver la patience de ses enfants, c'était sa douceur."

"Il en était de ces enfants comme des pluies, des fruits, des inondations. Ils arrivaient chaque année, par marée régulière, ou si l'on veut, par récolte ou floraison."
"Chaque femme de la plaine, tant qu'elle était assez jeune pour être désirée par son mari, avait son enfant chaque année."


http://etherial.cowblog.fr/images/barrage.jpgimage tirée de l'adaptation ciné de Rithy Panh

"Cela continuait régulièrement, à un rythme végétal, comme si d'une longue et profonde respiration, chaque année, le ventre de chaque femme se gonflait d'un enfant, le rejetait, pour ensuite reprendre souffle d'un autre."

"Et les bouches roses des enfants étaient toujours des bouches en plus, ouvertes sur la faim."

"On aurait pu croire qu'elle souriait mais c'était plutôt la lassitude qui lui adoucissait les traits, la lassitude et le renoncement."

"Ils riaient, Joseph tapait à grands coups de poing sur la table. La mère se laissait faire.
Joseph, c'était le cinéma."

"Plus on la remarquait, plus elle se persuadait qu'elle était scandaleuse, un objet de laideur et de bêtise intégrales. Il avait suffi qu'un seul commence à la remarquer, aussitôt cela s'était répandu comme la foudre."

"Leurs corps s'enlacent. Leurs bouches s'approchent, avec la lenteur du cauchemar. Une fois qu'elles sont proches à se toucher, on les mutile de leurs corps. Alors, dans leurs têtes de décapités, on voit ce qu'on ne saurait voir, leurs lèvres les unes en face des autres s'entrouvir, s'entrouvir encore, leurs mâchoires se défaire comme dans la mort et dans un relâchement brusque et fatal des têtes, leurs lèvres se joindre comme des poulpes, s'écraser, essayerdans un délire d'affamés e manger, de se faire disparaître jusqu'à l'absorption réciproque et totale. Idéal impossible, absurde, auquel la conformatioon des organes ne se prête évidemment pas."

"Toute la journée en effet celle-ci dormait. Elle prenait ses pilules et elle dormait. Toujours, dans les périodes difficiles de sa vie elle avait dormi comme ça."

"Et il fallait avant tout se débarasser de sa famille quand c'était vraiment une famille."

"-Ses malheurs, à la fin, c'est comme un charme, répétait-elle, il faudrait les oublier comme on oublie un charme."

"Le reste était honteux ou trop précieux, en tout cas, impossible à dire."
"Elle laissait dire Carmen qui ignorait encore, qui ignorait que la seule humanité qu'elle osait affronter était celle, mirobolante, rassurante, des écrans"

203

Dimanche 26 juillet 2009 à 12:39

http://etherial.cowblog.fr/images/jelinekcigar.jpg

Lundi 13 juillet 2009 à 16:43

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