Samedi 3 juillet 2010 à 21:57

À Maxime Du Camp.
[...]

VII

Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !http://etherial.cowblog.fr/images/3733415254827374511246121984148077873604n.jpg

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : En avant !
De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin ! »

À l'accent familier nous devinons le spectre ;                                           
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
« Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Électre ! »
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

 

Charles Baudelaire (Correspondances)

Samedi 3 juillet 2010 à 2:36

Ultime inspiration au détour d'une approche toujours neuve de Schubert. David Fray et son élégance de jeune premier aux doigts d'ange (pour peu que les anges aient des doigts, des membres formés et aboutis, n'étant qu'êtres évanescents, délices sortis de l'imagination paniquée des hommes)régale mon appartement. Mais laissons-là ces expédients angéliques; pour l'heure, ces arpèges que fait monter David Fray jusqu'à l'orgasme auditif sont tout ce qui compte... Quand rien d'autre n'a d'importance que la musique... le temps d'un impromptu...

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Vendredi 20 novembre 2009 à 22:08

"Ut pictura poesis" = "la poésie est une sorte de peinture" Horace, Art poétique, - Ier siècle

http://etherial.cowblog.fr/images/horace.jpg

Vendredi 30 octobre 2009 à 2:53

"Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler scène. Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé." Peter Brook, l'espace vide, 1977

Dimanche 26 juillet 2009 à 18:02

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