Dimanche 18 juillet 2010 à 1:36

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Dimanche 18 juillet 2010 à 1:35

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Lundi 12 juillet 2010 à 0:00

A l'aune de la nuit, quand la solitude n'est encore pas tout à fait certaine, je recharge mes batteries à la fenêtre, hume l'air momentanément exempt de pollution. La vision partielle de ma rue me laisse ironiquement à portée de regard le panneau de la Chapelle-sur-Erdre, afin que je n'oublie pas où habite l'être cher. Celui-là même qui entend bien me traiter avec bassesse et mépris, ce personnage aux facettes multiples que je n'ai jamais su cerner.
En attendant que l'été passe, je me pensais capable de pallier l'absence en me plongeant toute entière dans une attitude qui n'est pas la mienne, en brassant de nombreux personnages, aspirant à d'autres aventures, désirant de nouvelles perspectives. Mais tout cela avec d'autres me paraît sans saveur, aux endroits même où je cherche à renouveler le goût de ma vie. 
Je préfère sa hargne à tous les mots doux du monde, à ces rencontres de fortune qui ne riment à rien. Je veux mon inconnu pour ne pas me fondre dans la masse informe de la population. Je ne veux pas me ranger, aime mon histoire foireuse aux mille écueils, l'impossible de cette femme me rassure autant qu'il m'angoisse. Mais rien ne change cette aporie, aucune issue proche. C'est elle.

Samedi 10 juillet 2010 à 0:25

J'avance. Je continue de marcher à la force du je. Tant que je ne me pose pas la question de savoir ce que je suis en train de faire et que je sais à peu près où je mets les pieds sur cette route encore inconnue. Je me découvre à l'heure où d'autres sont blasés, avec cette force de l'expérience qui me rend tout juste assez méfiante pour ne pas m'approcher trop près de la nouveauté.
Je ne sais pas concrètement où je vais. Je m'endors un temps dans l'illusion de trouver une place, le temps d'un été qui tournera vite pour me ramener à ma réalité. Doucement, je me laisse bercer.

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Jeudi 8 juillet 2010 à 8:03

Adieu

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L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.

L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.

Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du confort !

- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !

Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !

Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?

Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.

Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

¯¯¯¯¯¯¯¯

Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

avril-août, 1873.

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